Duncan LE CORNU PHOTOGRAPHE
Travail Manuel
La thématique du travail m’intéresse depuis un certain temps déjà. C’est pourquoi, le projet Travail Manuel a vu le jour au printemps 2013, avec une volonté double, "sociologique" et "esthétique". Cette préoccupation s’est vue renforcée, à la suite de la lecture du texte d’Henri FOCILLON, L’éloge de la main, en 1934 :
« Il ne lui suffit pas de prendre ce qui est, il faut qu’elle travaille à ce qui n’est pas et qu’elle ajoute aux règnes de la nature un règne nouveau. Longtemps elle se contenta de dresser des troncs d’arbres non polis, avec toute leur écorce, pour porter les toits des maisons et des temples ; longtemps elle entassa ou leva des pierres brutes pour commémorer les morts et honorer les dieux. En se servant de sucs végétaux pour rehausser la monotonie de l’objet, elle respectait encore les dons de la terre. Mais du jour où elle dévêtit l’arbre de son manteau noueux pour en faire apparaître la chair, façonnant la surface jusqu'à la rendre lisse et parfaite, elle inventa un épiderme, doux à la vue, doux au toucher, et les veines, destinées à rester profondément cachées, offrirent à la lumière des combinaisons mystérieuses. Les masses amorphes de marbre, enfouies dans le chaos des montagnes, lorsqu’elles furent taillées en blocs, en plaques, en simulacres d’hommes, semblèrent changer d’essence et de substance, comme si la forme qu’elles recevaient les travaillait jusqu’au fond de leur être aveugle et dans leurs particules élémentaires. »
(édition parue aux PUF, Paris, 2010, p. 110‐111)
Le but de ce projet est de montrer le Geste de l’Artisan, dans sa spécificité, sa technicité, sa précision, et ce dans les secteurs les plus divers, du cuisinier au mécanicien, du tourneur au lapidaire, du boulanger au coiffeur... En regard des siècles précédents, force est de constater, que l’Homme s’éloigne peu à peu de ses créations. La Main qui a longtemps servi de seule interface entre la matière et Lui, voit dans les façonnages actuels, une multiplication des intermédiaires ‐mécaniques, électroniques, robotisés‐, rompant ce contact direct. Néanmoins, les savoir‐faire du "Travailleur manuel", la passion voire l’amour qu’il démontre, lors son travail, (telles celles de ce monsieur de 94 ans qui travaille la corne sur le même établi depuis 80 ans…), ont systématiquement ressurgi. C'est un ami cuisinier, qui a le premier, accepté de laisser ses mains se faire capturer par mon objectif. Des tourneurs sur bois et sur corne, ont également accepté de m’ouvrir leur porte, et actuellement, un coiffeur, un soudeur, un boulanger, des lapidaires et diamantaires, sont également associés à ce projet. Si entreprendre une série de prises de vue dans un milieu artisanal, dans le cadre d’un atelier individuel est une chose, le faire au sein d'un atelier de grande ampleur en est une autre. La branche « mécanique », de l’arbre de mon projet, s’est déroulée dans une concession BMW, au sein des ateliers de maintenance.
Les photographies numériques issues de ce travail, sont traitées en noir & blanc, et associées en séries, multiples de 7. Cette organisation s’est imposée à moi suite à la première série, celle réalisée avec un Cuisinier, où j’y ai vu les sept étapes de création : l’Origine, la Sélection, l’Attente, l’Ébauche, la Fusion, l’Application, la Finition.
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